Stéréo : visionneuses et vues


Lorsque je montre à quelqu'un mes plaques avec une visionneuse adaptée, les réactions se suivent toujours dans le même ordre.
C'est d'abord : "Dis donc c'est super ce truc !". Ensuite vient le "C'est vieux ?" puis le "Comment ca marche ?". Je suis sûr que si vous pouviez les regarder "in live" vous auriez les mêmes réactions. Je vais donc répondre aux questions, mais tout d'abord, il faut que je décrive les objets.

Au premier abord, les deux photos de cette plaque sont identiques. Mais ce n'est pas vrai, car sur celle de gauche, en bas, vous voyez très bien l'angle de l'immeuble, pas sur celle de droite. La même remarque est valable pour la largeur du trottoir de la droite de la rue. Ce décalage n'est pas dû à un défaut d'encollage de la photo en papier dans son cadre en carton.

Rue du Pont-Neuf vers 1860
Rue du Pont Neuf c.1860

Ce carton, jaune, est assez épais et assure la rigidité de l'ensemble. Cela permet de rentrer la plaque dans la visionneuse.

Le papier de la photo est très fin afin de laisser apparaître par transparence les couleurs apposées à la main au dos de la photo. Le papier est albuminé. Ces couleurs n'apparaissent que lorsque l'on regarde la photo vers la lumière. Le ciel devient alors bleu pâle et la route sépia.

Des petits trous d'épingle (visibles sur la plaque n°2, en bordure du toit des halles), permettent de simuler des points de lumière grâce à la goutte de résine colorée qui a été déposée derrière la photo). Une couche très fine de papier permet de protéger l'arrière de la photo, sans trop absorber de lumière. L'ensemble est fragile et trop souvent victime de perforations et déchirements.

C'est vieux ? Presqu'autant que la photographie elle-même, puisque les premiers appareils à deux objectifs apparaissent vers 1840. Il ne fallait pas forcément avoir un appareil photo, puisque ces plaques s'achetaient. Par contre, il fallait une visionneuse (un stéréoscope) pour les voir en relief. Certains modèles ressemblaient à un face à main, d'autres à une paire de jumelles, d'autres (plus luxueux) ressemblaient à une borne à poser sur une table.

Le procédé a été très en vogue jusqu'à la seconde guerre mondiale, d'autant plus qu'il était devenu possible aux particuliers de réaliser leur propres photos.

Dans les années 50, il existait encore pas mal de modèles d'appareils photo stéréo, mais apparemment de moins en moins d'amateurs. La faute à la télé ??? Qui sait ?

Cependant le principe perdure au travers de systèmes comme le View Master des enfants.

Halles de Paris c.1860


Les vues pouvaient, comme on l'a vu plus haut peuvent être en papier, elles furent ultérieurement en verre, fragiles, mais au combien lumineuses pour apprécier le relief. Elles pouvaient aussi être en carton épais, en N&B ou colorisées.

Les visionneuses pouvaient posséder un miroir sous un capot. En relevant ce capot, il était possible de refléter la lumière ambiante, à l'intérieur du stéréoscope pour éclairer le recto de la plaque.


Le bain de pied
Le bain de pied (papier albuminé colorié, collé sur un carton fort)




Quelques visionneuses ...


Visionneuse
Mackenstein (France) avec miroir de renvoi. Pour vues 60 x 130 mm sur carton ou verre.

Visionneuse
Marque inconnue, avec miroir de renvoi pour vues 172 x 84 mm sur carton ou papier translucide
Visionneuse
"Unis - France" avec mise au point. Pour plaque de verre 45 x 107 mm.

visionneuse
Modèle sans marque, avec miroir de renvoi. Pour vues 60 x 130 mm sur carton ou verre.
Visionneuse
Modèle pliant en carton. Pour vues 172 x 84 mm env. sur papier.


Visionneuse
Stéréo-Mobile "Le Merveilleux" E.L.D. Paris. Carte 140 x 90 mm. ELD pourrait signifier E. Le Deley
Visionneuse
Stéréoscope pliant avec mise au point. Plaque env. 120 x 60 mm


Visionneuse
Stéréoscope pliant "Unis-France". Plaque env. 120 x 60 mm


Visionneuse
Stéréoscope pliant allemand marqué Amato DRGM (donc postérieur à 1891)