Divan, Renaud, André, vous avez dit divan ? Je m'y étends volontiers. Etes-vous prêt, docteur ?!
ça va être long... comme toute thérapie de ce genre!
Nous avons tous des racines et, quelles qu'elles soient, elles nous marquent d'une manière ou d'une autre.
J'opte pour beaucoup d'acquis et bien peu d'inné en ce qui me concerne.
Une longue introduction à la question de la collection
Mes parents n'avaient pas (plus?) d'appareil de photo chez eux quand j'ai eu l'âge de comprendre ces choses-là. Bébé on m'a mené deux / trois fois chez le photographe ! Je n'ai que quelques photos de moi entre 1 et 6-7 ans, et elles ne furent prises ni par mon père ni par ma mère.
Peut-être est-ce pour combler ce vide qu'ils m'ont offert un appareil pour mes 8 ou 9 ans, puis quelques années après un autre à mon frère de 5 ans mon cadet.
Les archives familiales dont j'ai hérité récemment (des centaines de photos de 1850 à 1950 pour faire simple) ou que j'ai pu consulter me montrent par contre que les uns et les autres étaient occasionnellement bien équipés. Je n'ai toutefois pratiquement que des tirages positifs (je crois que lors de déménagements ou de liquidation de maison suite à un décès, les négatifs passent facilement à la trappe, les albums pas toujours).
Il est d'ailleurs intéressant de comparer la qualité des appareils probablement utilisés: il arrive que, d'un petit cliché 4x6½, sur papier, je tire un scan très correct, net et détaillé, alors que de certains positifs plus grands je ne tire rien, soit qu'ils aient déjà été agrandis soit que le négatif ne valait pas grand-chose (même sans 'bougé').
Pas de parents photographes professionnels parmi les 650 individus enregistrés dans ma base de données généalogiques.
Juste un grand-père réparateur et marchand de jouets, que je n'ai pas connu; une tante qui nous montrait des films de Félix le chat, de Monsieur Citron et de Buster Keaton avec un petit projecteur 9,5mm des années 1920-1930 hérité du précédent; et un oncle 'photographe-amateur-averti' bien avant que cette catégorie ait été inventée par les revues de matériel photo.
Et pourtant, après avoir fait pas mal de prises de vue en vacances avec mon Kodak Brownie Holiday, comme enfant et jeune ado, voilà que je me passionne soudain, encore étudiant, pour le beau matériel photo. Mes confortables revenus de travail de vacances (c'était facile dans ma région en ce temps-là de bien gagner à côté des études) me permette de m'offrir à 20 ans un Asahi Pentax Spotmatic tout neuf; mon deuxième appareil de photo. Avec en + son télé 135mm.
Puis, de fil en aiguille, comme dans beaucoup d'histoire d'amour, j'en viens à faire la connaissance de ma future femme, jeune photographe en formation et qui dispose d'un laboratoire à son domicile. Peu de mois après nous faisons équipe, elle et moi, lors d'une grande fête villageoise et couvrons, elle avec son Rolleiflex et moi avec mon Pentax, toute la manifestation de trois jours, au grand dam du photographe itinérant qui s'attendait à faire 'comme d'hab' mais a trouvé le nid occupé par un couple de jeunes ! Quelques dures journées de travail en labo… et, tout en manuel, nous avions produit des centaines de copies carte postale d'une petite centaine de clichés corrects.
Ça c'est le début. Ensuite ce furent voyages, missions, puis longs séjours à l'étranger et passage du Rollei/Pentax au tout Nikon F2. Plus de détails sur nos appareils utilisés sous
http://www.jacodi.ch/nozappa.
La collection (ah! enfin!)
Les appareils Nikon (et tout le matos qui va avec) ont dormi quelques années et constituaient déjà en eux-mêmes l'amorce d'une collection. Et puis, voyageant toujours beaucoup, j'ai commencé à faire les puces vers 1997, là où le travail me menait: à New York et Washington, à Londres, Bruxelles, Paris et ailleurs aussi (p.ex. en Chine). Et surtout dans ma propre ville, en Suisse. Quelques appareils, puis une vingtaine, une cinquantaine… on connait tout cela.
La visite de superbes commerces spécialisés dans l'occasion, en 1998, à Tokyo m'avait ouvert les yeux: c'était un champ immense, un domaine dangereux et qui pouvait être coûteux. Des collectionneurs patibulaires ou grassouillets au portefeuille plus ou moins garni hantaient de tels lieux. L'un de ces lieux hanté a commencé à me faire de l'œil il y a une dizaine d'années: la baie des démons (j'aime à l'appeler ainsi, eu égard au côté addictif). Et localement, les brocantes (annuelles ou hebdomadaires), les vide-grenier et la bourse de Vevey ont fait le reste.
Il ne faut jamais courir deux lièvres à la fois. Je fais mentir l'adage, collectionnant tant les appareils de photo que les caméras ciné amateur et semi-pro (surtout Paillard Bolex, mais aussi Canon).
Il faut savoir s'en tenir à un thème. Bien dit! Mais je suis le roi de la collection hétérogène (pour ne pas dire hétéroclite). J'en ai exclu toutefois les chambres, les reflex TLR et les box. Mais finalement pas si hétérogène que cela: il y a un accent certain sur les appareils allemands des années 1900-1960 (près de 60% de ma collection entre dans cette catégorie). Et il y a assez peu de diversité: seules autres origines nationales présentes : les USA, la France, la Suisse, le Japon, la Chine, l'ex-URSS (2 récentes acquisitions) ainsi que le Canada, le Royaume-Uni et l'Italie (avec un appareil chacun).
Finalement une assez petite collection (env. 200 pièces); pas de quoi fouetter un chat.
Viser la qualité. Oui, en principe; cela me guide de plus en plus. Mais je ne suis souvent pas seul à miser sur certains jolis objets que je pense abordables et pour lesquels je suis prêt à y mettre le prix. [
Caramba encore raté!]. Il y a par ailleurs quelques appareils que je n'aurais pas dû acheter ou conserver; ils sont là dans l'attente de jours meilleurs.
Avoir de la chance. Il en faut un peu. Tout récemment j'en ai eu, en mettant la main sur un Contarex Spécial chez un brocanteur. J'ai aussi trouvé d'autres belles choses 'pas chère'. Mais mon pays n'est pas réputé pour les prix riquiqui (les Suisses sont assez conscients de ce qu'ils ont en main; ils ont le sens de la valeur des choses et sont souvent aussi collectionneurs). Vous n'obtenez jamais un objet pour € 1 ou € 2. Le minimum en négociant bien c'est plutôt CHF 10.-. Et parfois aussi des illusions du côté du vendeur, comme elles sont rapportées sur le fil "Qu'avez-vous trouvé?": du rien du tout pour lequel on vous demande CHF 50.- ou plus.
Des dons: quelques-uns de la famille proche; un ou deux d'amis (comme cet Erneman de la 1ère guerre mondiale, présenté récemment). Mais n'ayant guère fait état de mon hobby durant ma carrière professionnelle et ayant commencé assez tard, je n'ai peut-être pas drainé autant que je l'aurai pu.
Stockage et présentation: je dois être l'un des rares d'entre vous, amis collectionneurs, à ne pas avoir de vitrine. J'ai une partie de mes appareils, les plus beaux, sous les yeux dans la pièce qui me sert de bureau, sur divers éléments cubiques servant d'étagères. Le reste est stocké ailleurs.
Et ensuite… mon intention est de faire encore deux-trois choses avec cette petite collection. En monter le niveau par quelques achats sélectifs. M'occuper de quelques appareils méritant un nettoyage approfondi, voire plus. Et surtout, et j'ai déjà commencé, m'efforcer de mettre du film dans un maximum d'appareils afin d'en tester et documenter la qualité mécanique et optique.
Et ma propre fin ? Soit je me serai débarrassé de ma collection avant cette issue inéluctable, soit elle sera léguée à mon musée favori qui en fera ce qu'il pense devoir en faire.
Ça va toujours docteur ? Vous dormez ?...
Vous avez un problème ?
Étendez-vous-là !