Cliquez sur les photos pour les agrandir. La plupart ont été faîtes avec un simple téléphone (taille du coffre oblige).
Le Road Trip 2022 s'était terminé avec l'envie de découvrir un peu plus l'Allemagne. Celui de 2023 est donc consacré à l'Allemagne du nord et de l'est.
Sa préparation a commencé dés octobre 2022, par un tracé approximatif du parcours.
Les réservations des logements ont toutes été faites par Booking. Fin octobre, tous les logements étaient réservés. Vous écarquillez les yeux, en vous disant "en octobre !!!". Il faut savoir que certaines parties de ce road trip se déroulent dans des zones peu touristiques et que les logements y sont rares. A contrario, les bords de la Baltique sont prisés par les Allemands, notamment les Berlinois. En octobre, en quinze jours, certains logements parmi les plus abordables étaient devenus indisponibles.
Pour la préparation détaillée, nous avons utilisé les documents suivants :
Carte Michelin 543 Allemagne Centre-Ouest
Carte Michelin 541 Allemagne Nord-Ouest
Carte Michelin 542 Allemagne Nord-Est
Carte Michelin 544 Allemagne Centre-Est
A Travel Guide to Cold War Sites in East Germany (en anglais) le seul guide utile qui référence tous les sites
ouverts à la visite, en lien avec la guerre froide.
Guide Vert Michelin
Allemagne nord et centre
Guide du Routard Allemagne
Guide du Routard Berlin et ses environs : Décevant car il ne concerne que Berlin et ses proches environs, et donc ne suffit pas à compléter le Guide du Routard Allemagne.
Avant le départ, la voiture a eu droit à son entretien annuel, rien de plus.
La voiture, pour ceux qui ne la connaissent pas encore est une Mazda MX-5 (NB), de 2000. C'est un roadster, c'est à dire une décapotable, deux places, à propulsion. Le moteur a une cylindrée de 1,8 l et développe 140 cv. L'année dernière elle a prouvé sa fiabilité dans les ascensions successives des plus hauts cols routiers d'Europe. En 2023, elle acceptera sans rechigner de faire du Off Road.
Le coffre est très petit et il n'est possible d'y mettre que deux petites valises, ce qui rend obligatoire la visite régulière des laveries automatiques.
1er jour : Amiens – Aachen (330 km)
Cette année, pas de Covid juste avant le départ. C'est la forme ! On taille la route en empruntant le tracé le plus rapide, le but étant de commencer réellement les vacances à la frontière entre la Belgique et l'Allemagne.
Je ne reviendrai pas sur l'état des routes belges, elles ont l'avantage d'être gratuites.
Une fois la frontière entre la Belgique et l'Allemagne franchie, nous sommes surpris d'être déjà dans l'agglomération d'Aachen (Aix la Chapelle).
Nous sommes accueillis avec une photo souvenir qui nous coûte 30 euros.
La même mésaventure va se reproduire plusieurs fois au cours du périple. En 2022, avec la même voiture et la même conduite, nous n'avons pas eu un seul PV pour excès de vitesse et nous n'avons pas le souvenir d'avoir vu autant de radars. S'agit-il d'un durcissement récent des contrôles sur l'ensemble du pays ou simplement d'une différence entre le nord et le sud du pays ?
Les radars allemands sont de deux formes :
- un cube situé au sommet d'un poteau, avec deux objectifs. Ils sont placés après les feux et semblent être là pour verbaliser les feux grillés.
- L'autre type est très discret. En forme de poteau de trois mètres de haut, il présente plusieurs lucarnes rectangulaires. Il peut être de couleurs variées et prend dans les deux sens de circulation. Parfois, ils sont disposés de chaque coté de la chaussée et prennent une photo sous deux angles de prise de vue opposés. Le panneau d'indication d'entrée en agglomération est un rectangle jaune, pas très grand. Sa visibilité n'est pas, de mon point de vue, très bonne. Les radars sont souvent placés très près de ce panneau. La limite de vitesse de 50 km/h doit être strictement respectée au niveau du panneau. La tolérance est de 3 km/h. Les amendes ne sont pas très élevées, 20 ou 30 euros. Mais pour un excès de 6 km/h, ça agace. Si cela vous arrive, vous recevrez un courrier en français, avec la ou les photos prises par le radar. Vous devrez payer par virement. Chaque länder gère ses propres amendes.
Il existe également des radars de chantier, mais nous n'en avons vu qu'un seul au cours du périple.
Nous rejoignons notre hébergement dans un quartier résidentiel d'Aachen. Il s'agit de l'auberge de jeunesse de la ville.
Etant arrivés tôt, nous déposons les bagages à l'auberge, puis allons au centre d'Aachen. Bien qu'il y ait près de 250 000 habitants, la ville donne l'impression d'une petite ville. La densité de touristes est plus importante aux abords de la cathédrale, mais reste très raisonnable.
La cathédrale est surprenante, car elle est bien plus petite que ce qu'on imagine. Très enchâssée dans la ville, il est difficile de la prendre en photo dans son intégralité.
Elle est composée de deux bâtiments construits à des époques différentes : le premier de style roman est octogonal avec un intérieur de style byzantin, le second, qui constitue le chœur, est de style gothique.
Le centre ville mérite une petite balade, notamment autour du parc Elisengarten.
2eme jour: Alentours d'Aachen (160 km)
Nous prenons la route vers le petit village de Monschau (Montjoie en français), en jouant à saute-mouton sur la frontière belge.
Ce magnifique village est niché au creux d'une petite vallée, toute verte. Arrivés très tôt, nous croisons peu de visiteurs.
La lumière du matin est absolument magnifique et met en valeur les maisons. La petite terrasse de l'hôtel Horchem et Braukeller est l'endroit idéal pour boire un café.
Ce village est un de nos coups de cœur pour ce road trip 2023.

Pour revenir vers Aachen, nous suivons les recommandations de Michelin et nous empruntons les routes "pittoresques" du parc national du Eifel. L'impression est mitigée.
Il fait très chaud... chut, ne la réveillez pas.
3eme jour: Aachen - Münster (270 km)
La traversée de la Ruhr ne présente pas d'intérêt particulier, sauf si on veut visiter les villes. Le réseau routier est dense. Nous choisissons d'y passer le moins de temps possible, en utilisant les autoroutes.
Les autoroutes allemandes sont une expérience particulière. La vitesse maximale y est généralement de 120 km/h, mais les très nombreux travaux entrainent d'incessants changements de vitesses, de voie.
Certains tronçons sont sans limite de vitesse. On les reconnait au panneau rond strié. Dés lors la voie de gauche peut se transformer en piste pour bolides. Un petit point dans le rétroviseur peut vite se transformer en voiture vous doublant à plus de 200 km/h (voir beaucoup beaucoup plus).
Je déconseille d'emprunter la voie de gauche, si vous n'êtes pas capable de suivre le rythme. Les appels de phare ne sont pas vindicatifs, mais vous préviennent que vous allez être doublés par un véhicule rapide.
Attention, d'un seul coup la vitesse maximale peut revenir à 120 km/h, et les bolides vont freiner très forts pour être à 120 à hauteur du panneau d'indication de la vitesse. Les tronçons sans limite sont de longueurs très variables, ce qui requiert une attention soutenue.
Un petit truc à savoir : sur les aires d'autoroute, l'accès aux toilettes est systématiquement payant. En contrepartie, vous obtenez
un petit ticket. Il vous permet d'obtenir à la boutique une ristourne d'un montant équivalent à ce que vous avez payé. Donc le bon ordre, c'est pipi d'abord, et ensuite, café.
On quitte l'autoroute une fois le secteur des grandes villes traversé. On quitte l'autoroute n° 1 à la sortie 80, pour prendre les routes secondaires, avec l'objectif de voir quelques beaux châteaux.
Le premier est celui de Nordkirchen (Schloss Nordkirchen). Situé au milieu d'un grand parc boisé, entouré d'eau, c'est un joli lieu de promenade. L’accès au parc est gratuit.
Le second se situe à Lündinghausen. Cette petite ville possède deux très jolis châteaux, mais nous ne pourrons visiter que le Burg Lündinghausen, l'autre, Burg Vischering étant momentanément réservé à une fête médiévale.
Le paysage jusqu'à Münster est de plus en plus plat, annonçant les plaines du nord de l'Allemagne.
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Le centre de la ville est vivant, avec une rue principale (Prinzipalmarkt) bordée de magasins sous des arcades. Cette rue forme une courbe et se trouve vraisemblablement à l'emplacement de fortifications au centre desquelles on trouve la cathédrale (Dom) Saint-Paul, à ne pas confondre avec l'église Saint-Lamberti.
La cathédrale a deux tours carrées. Là où on s'attend à trouver l'entrée principale, il y a un grand mur blanc
percé d'une série de petites ouvertures rondes. L'absence d'entrée ou de vitrail s'explique par la difficulté de reconstruire à l'identique après les bombardements de la seconde guerre mondiale. Une exposition à l'intérieur de l'édifice permet de comprendre l'ampleur des dégâts.
C'est une constante à avoir en tête lorsqu'on visite les villes en Allemagne ; la plupart n'étaient en 1945 que des tas de gravats et des efforts considérables ont permis de remonter les murs en respectant l'aspect initial des lieux, sans céder à la tentation de faire vite et moche. De petites expositions de photographies le rappellent souvent dans les grands édifices religieux, toujours très factuellement, sans commentaires sur les raisons des destructions.
On verra que dans l'ex-RDA, c'est un peu différent.
4eme jour: Münster - Emden (env. 220 km)
Le paysage en allant vers le nord est de plus en plus plat, même un peu monotone. La route que nous empruntons est parallèle à la frontière avec les Pays-Bas, et il y a beaucoup de points communs avec ce pays voisin.
La petite ville de Poppenburg est un bon résumé de ces ressemblances avec ses canaux et ses ponts à bascule.
Comme c'est dimanche, il n'y a pas âme qui vive dans les rues.
La ville d'Emden n'a pas d'intérêt, sauf celui d'être la seule grande ville à proximité des îles de la Mer des Wadden. Bien sûr, il y a des stations balnéaires plus proches, mais avec des hôtels plus chers et complets durant l'été.
Nous y arrivons un dimanche après-midi, et le centre ville est mort et à part le passage répété de voitures pétaradantes type Jacky,
il y a peu d'activités. Les vieux marins se sont même figés en attendant la marée, crachant de temps en temps un glaviot dans l'eau.
A défaut de marée, c'est un orage avec vent violent qui nous surprend en pleine promenade à pieds.
Le temps de rentrer à l'hôtel, nous lavons nos T-Shirts.
Pourtant, il faut bien ressortir pour manger. Un dimanche soir à Emden, c'est désespérant car beaucoup de restaurants sont fermés, soit parce que c'est dimanche, soit parce que c'est les vacances. Emden est tout sauf touristique.
On trouve un restaurant pas très loin de l'hôtel. Son nom, Steakhause Hacienda, ne laisse pas présager que c'est un restaurant croate. L'accueil est sympathique, on y mange bien. Pendant ce temps-là, des branches tombent sur les voitures stationnées dans la rue.
5eme jour: Ile de Langeoog (env. x km)
Le lendemain, heureusement, le soleil est de retour et nous nous dirigeons vers la côte et la Mer des Wadden. Celle-ci est séparée de la Mer du Nord par un chapelet d’îles, de l'embouchure de la Weser jusqu'aux Pays-Bas. Ces îles sont très basses, formées par des dépôts de sable.
Elles sont plus ou moins habitées. L'été, elles sont fréquentées par les touristes qui apprécient leurs grands plages. En y allant, nous avons un objectif : louer une corbeille de plage...
Notre choix se porte sur l'île de Langeoog, car il n'y a pas de voitures.
Nous devons nous rendre à Bensersiel et embarqué sur un ferry qui ne prend que les piétons.. sans bagages. Ceux-ci sont enregistrés comme à l'aéroport et sont transbordés sur une barge qui suit le ferry.
La marée est basse et la sortie du chenal est sans fin. Le croisement des deux ferries est compliqué et il semble que nous soyons restés envasés quelques temps. On apprécie le soleil sur le pont supérieur.
Arrivé au port de l'île, tout le monde
se dirige vers la gare ferroviaire qui jouxte le débarcadère pour prendre le petit train qui nous emmènera dans le village de Langeoog. Le prix de la traversée inclut le trajet en train qui a l'air d'un jouet.
Arrivés au village, nous suivons un plan pour trouver la plage principale. Tout est organisé avec la rigueur allemande habituelle, les sentiers sont tellement praticables qu'il n'y aucune tentation d'en sortir et d’abîmer les dunes.
La plage est infinie, aussi bien dans la longueur que dans la largeur. On y trouve de nombreuses corbeilles de plage, sorte de petit canapé pour deux personnes, avec coussin et toit. Initialement, elles étaient en osier, mais le plastique est désormais la règle. Elles sont dispersées, tournées dans toutes les directions, suivant les goûts du dernier occupant. La partie haute peut légèrement basculer d'avant en arrière pour une exposition plus ou moins forte au soleil. Sous l'assise, il y a deux coffres qui lorsqu'ils sont sortis forment des reposes pied. Un petit accoudoir permet de poser une boisson, un livre.
On se met en recherche du loueur. Comme il est entre 13 et 14 heures, il est parti déjeuner, alors on squatte une corbeille.
Objectif atteint !
Allez hop, chemin inverse, traversée retour, on revient sur le continent.
A notre arrivée à Emden, il fait encore grand soleil, contrairement à la veille, et on en profite pour en découvrir un peu plus. Par le plus grand des hasards, on tombe sur une écluse à quatre entrées.
6eme jour: Emden - Bremerhaven (env. 130 km)
En prenant le chemin des écoliers, on rallie Bremerhaven. La route est parfois pavée, souvent ombragée, ce qui est particulièrement agréable en cabriolet.
Nous sommes toutefois déçus par les routes côtières car celles-ci se trouve toujours derrière la digue qui protège les polders et la visibilité vers la mer est nulle. De temps en temps, un escalier permet de monter sur la digue par voir ce qui se passe de l'autre coté et discuter avec les tondeuses autonomes.
Bremerhaven se trouve à l'embouchure de la Weser. Pour traverser celle-ci, il y a un pont quelques kilomètres en amont, ou un bac très en aval. Nous choisissons cette option. C'est plus amusant et cela s'avère sans doute plus économique que le détour par le pont.
Le bac est petit, avec des rotations très rapprochées. Le temps d'attente est très raisonnable et peu de voitures embarquent.
La traversée est courte et cela laisse juste le temps de payer (le personnel du ferry vient vous voir au véhicule).
Le port de Bremerhaven n'a rien d'enchanteur, mais c'est pourtant bien le but de cette étape, et avec plus précisément la visite du Deutsches Auswandererhaus (maison de l'immigration allemande).
Deutsches Auswandererhaus ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Hotel Columbus und Glamping |
7eme jour: Bremerhaven - Lübeck (env. 230 km)
Pour rejoindre Lübeck, il y a le chemin le plus court, en kilomètres et en temps, mais qui oblige à rouler dans l'agglomération d'Hambourg, à emprunter l'autoroute et il y a le chemin qui évite cela
mais oblige à prendre de nouveau un ferry, pour pouvoir traverser l'Elbe. Vous comprenez tout de suite que c'est pas le plus court chemin qu'on va choisir.
On prend le ferry à Wischafen. La traversée est plus longue que celle de la Weser, mais comme il y a quatre gros ferries en rotation l'attente est de courte durée.
On se sent petits dans le ferry, et sur le fleuve. Nous croisons plusieurs porte-conteneurs qui vont ou viennent d'Hambourg.
Vraiment petits, tout petits ...
On rejoignant Lübeck, on coupe la péninsule qui se prolonge vers le Danemark et on change de mer. On passe de la Mer du Nord à la Baltique. La route ne présente pas d'intérêt particulier. Il s'agit d'une étape un peu longue et fatigante.
On va prendre un peu de repos à Brodten, mais il s'agit d'une falaise et non d'une plage. On constate que le moindre stationnement est payant et qu'il est impossible de s’arrêter en dehors de ces parkings payants. On reprend la route jusqu’à Travemünde qui est la station balnéaire de Lübeck. On paye de nouveau le parking, mais surprise désagréable, on doit aussi payer l'accès à la plage. Un horodateur permet de payer une somme forfaitaire.
Last but not the least, on loue une corbeille pendant deux heures pour se reposer.



Hotel Schweizerhaus |
8eme jour: Lübeck (à pied)
Lübeck est une jolie ville hanséatique qui mérite bien qu'on s'y arrête une journée complète, le temps de flâner dans ses petites rues bordées de bâtiments en briques, d'oser emprunter des passages qui débouchent sur de charmantes impasses, d'aller acheter un peu de spécialité local, le Marzipan (pour ceux qui aiment).
Certes Lübeck est touristique, mais à un niveau tout à fait acceptable et il n'est pas rare de se retrouver seul dans des ruelles dès qu'on s'éloigne de l'axe commercial, où se trouve le magasin Niederegger.
Il y a également un musée sur la ligue Hanséatique, mais nous n'avons pu le visiter car il fallait réserver l'entrée, et nous avons eu peur d'être largués par un sujet complexe, avec des explications en allemand, en anglais, en russe ou en suédois.
9eme jour: Lübeck - Rostock (env. 190 km)
Lübeck, au temps du rideau de fer, était la ville frontalière avec la DDR/RDA, et on ne tarde pas à voir un panneau routier qui rappelle l'emplacement de celui-ci.
A cet endroit, il n'y a pas de vestiges, mais quelques kilomètres plus loin, on passe près d'un mirador de surveillance des plages. J'en ai connu de plus inquiétants.
Nous entrons dans les Länders correspondant à l'ancienne DDR/RDA. Bien évidemment, 33 ans après la réunification, pas mal de différences qui existaient entre les deux Allemagnes ont été gommées, mais assez rapidement on va s'apercevoir qu'il en reste à combler.
La gamme des voitures : on va rencontrer des Trabants, une ou deux Warburg et une Volga, mais c'est anecdotique. Ce qui l'est moins, c'est le nombre des grosses cylindrées (Porsche, BMW M, Mercédès haut de gamme). Sauf sur la côte Baltique, dont les stations balnéaires sont fréquentées par les Berlinois et à Dresde, il est moins important qu'à l'ouest.
L'état des routes : les axes secondaires réservent des (mauvaises) surprises.
La taille et le nombre des exploitations agricoles :
elles sont moins nombreuses et beaucoup plus grandes. Plusieurs fois nous verrons les vestiges de ce qui devaient être des fermes d'état.
Les habitations collectives : elles sont nombreuses y compris dans les villages. L'accession à la propriété privée n'était pas un principe valable en RDA.
A l'(ex) ouest, tout le monde se fichait éperdument de notre
voiture. Hors de la sainte trinité Porsche, Mercédès, BMW point de salut. De ce coté-ci, il y a plus de regards, d'interrogations. On verra plus loin jusqu'où cela peut aller.
Avec ces éléments, on mesure mieux les difficultés que dut rencontrer la réunification.
Notre premier arrêt est pour Wismar, autre ville hanséatique. On fait une pause sur la place Am Markt, puis on visite l'église St Nikolai, dont la hauteur des piliers en briques nous impressionne.
Après Wismar, nous longeons au plus près la côte, faisant le détour par l’île de Poel. Si sur les bords de la mer du nord, la digue cachait la vue, ici, c'est souvent la forêt qui masque la Baltique. Il est quasiment impossible de s’arrêter sauf sur des parkings payants.
Quelques kilomètres avant Rostock, nous faisons un arrêt à Heiligendam, étrange petite ville.
C'est la plus ancienne station balnéaire d'Allemagne. Les villas blanches valurent à la station le nom de ville blanche au bord de la mer. Très luxueuse à l'origine, les nombreuses vicissitudes de l'époque nazie, puis de celle de la RDA firent perdre de sa superbe à la petite cité. Elle fut ramenée au premier plan lorsqu'elle accueillit le G7 en 2007. Néanmoins la restauration (ou la reconstruction) n'est toujours pas terminée et des villas très luxueuses jouxtent des bâtisses abandonnées, grises. Après une utilisation "populaire" par la RDA, les nouveaux propriétaires d'une partie du village visent le très grand luxe et n'hésitent pas à démolir pour reconstruire.
Un peu fatigués par la route, nous allons directement à l’hôtel qui se trouve à l'extérieur de Rostock, près du club nautique.
Tarif pour une chambre double avec salle de bain : 75 euros. |
10eme jour: Rostock - Stralsund (env. 124 km)
Après une nuit un peu bruyante, on prend le petit déjeuner sur une grande place de Rostock.
La lumière est superbe, la température agréable. On ne comprend pas pourquoi le personnel démonte la terrasse autour de nous, rangeant chaises et tables en plein petit déjeuner. Certes, il y a pas mal de personnes en tenue loufoque sur la place...
C'est par une recherche sur internet qu'on comprend que ce jour est une journée de rassemblements LGBT
dans plusieurs grandes villes allemandes. On apprend également que Rostock est une ville très inclusive depuis 1992, en réaction aux émeutes racistes de 1992 au cours desquelles l’extrême-droite, avec l’assentiment d'une partie de la population, avait incendié un asile d'immigrés vietnamiens.
On prend la route de Stralsund,
en passant par le Parc National du Lagon de Poméranie Occidentale. C'est joli, mais encore une fois la digue ou la forêt cachent la mer et les seuls arrêts autorisés sont des parkings payants.
Stralsund est un port de la ligue hanséatique. La vieille ville est de petite taille, partiellement entourée de remparts.
Son vieux port était encore assez actif sous la RDA. Depuis les grues et les bâtiments les plus laids ont été dégagés. Il reste plusieurs anciens entrepôts en briques et la capitainerie. Le quartier est en plein réaménagement et la promenade sur les quais est très agréable. Les rails des grues ont été conservés et permettent de déplacer d'énormes bancs en acier et bois sur lesquels il est possible de s'étendre. Au plus prés de la ville, le port forme des canaux sur lesquels se trouvent des bateaux de pêche aménagés en fast food servant du poisson.
Altstadt Pension Hafenblick |




11eme jour : île de Rügen (env. 220 km)
L'étape à Stralsund ne faisait pas partie de l'idée initiale de ce road trip. Rügen devait constituer une halte, mais la rareté des hébergements à prix décents (dès octobre de l'année précédente) nous a fait revoir nos plans. Rügen attirent les touristes allemands. C'est la Côte d'Azur des Berlinois. Bien qu'étant quasiment le point le plus au nord de l'Allemagne, l'île bénéficie d'un ensoleillement exceptionnel.
Rügen est connu pour ses falaises blanches peintes par Caspar David Friedrich, mais vous ne les verrez pas ici, car encore une fois .. entrée payante, parking payant, beaucoup de monde et d'après ce qu'on a compris, un point de vue moyen puisque vous vous trouvez au-dessus des falaises que vous souhaitez voir.
Rügen est aussi connu pour être le port de ferries qui déservent des îles scandinaves de la mer Baltique.
Il y a un autre point d'intérêt, historique et peu mis en avant... Il s'agit de Prora. En y allant, on se fait arrêter par la police ... pour regarder la voiture !
Prora est un ensemble immobilier, constitué de huits bâtiments
monumentaux s'alignant sur 4 kilomètres, face à la mer. Cet ensemble a été construit par les nazis pour que de bons Aryens puissent profiter de vacances... bien encadrées. L'ensemble était voulu pour recevoir 20 000 personnes. Les 10 000 chambres, comportant deux lits, ont la vue sur la mer. Les réfectoires (1 000 places) étaient au nombre de 10, Les toilettes, douches étaient communes. D'autres bâtiments (salle de spectacle, piscine) étaient prévus mais ne virent pas le jour, la seconde guerre mondiale commençant avant que le site ne soit inauguré.
Il devint hôpital militaire en 1944.
En 1945, Prora devint une zone militaire soviétique, et est-allemande après 1952.
Quasiment à l'état de ruines au début des années 90, le site est depuis progressivement transformé en hôtels et appartements de luxe. Pour jeter un coup d’œil, il faut se garer (payant) dernière la barre d'immeubles. L'accès à la plage est également payant.
12eme jour: Stralsund - Peenemünde - Wolgast (env. 137 km)
La route de Stralsund à Wolgast est très agréable, elle traverse des petits villages avec des maisons aux toits de chaume, avec des ornements de pignons avec têtes de chevaux croisées. En campagne, les routes sont souvent bordées d'une allée d'arbres à l'ombre bienvenue.
Nous faisons un écart sur notre itinéraire pour aller visiter le très joli village de Wieck.
Ensuite, nous filons directement à Peenemünde, sans nous arrêter à l’hôtel de Wolgast.
Peenemünde se trouve à l'extrémité nord ouest de l'île de Usedom. Le lieu est connu pour avoir été le centre de recherche et de développement des armes de terreur, connues sous le nom de V1 et V2. L'ingénieur nazi Werner Von Braun en était le directeur, avant d'être exfiltré en 1945 par les Américains et de devenir le chef du projet Saturn V qui allait emmener l'homme sur la lune. Le centre de recherche s'étendait sur des centaines d'hectares. Après la destruction du site, la nature a repris ses droits et les ruines se trouve sous la couverture végétale. L'usine qui fournissait l'électricité au centre de recherche existe toujours, tout comme le port de desserte.
L'usine, qui a fonctionné jusqu'en 1990, a été reconvertie en musée des techniques de Peenemünde.
Dans le port de Peenemunde, indépendamment du musée, il y a
la possibilité de visiter un sous-marin soviétique.
Postel Wolgast |
13eme jour: Usedom (env. 120 km)
Usedom est la grande île sur laquelle se trouve Peenemunde. Elle se prolonge jusqu'en Pologne, par le sud-est. Elle est séparée du continent par une petite mer intérieure. Il est donc tentant de faire le tour complet, avec une brève incursion dans le pays voisin. Action !
Il n'y a pas plus de poste frontière ici qu'entre l'Allemagne et la Belgique ou entre celle-ci et la France.
Anne me dit que c'est étrange de penser que le pays suivant est en guerre.
Sans le petit panneau annonçant l'entrée dans le pays, on ne s'apercevrait pas que nous sommes en Pologne... jusqu'aux premiers magasins qui vendent des Zigaretten, de la vannerie et proposent les services de coiffeurs (Friseur). Rien d'emballant, cela ne vaut même pas un arrêt. Direction Wolgast par la rive sud. Si les paysages du nord sont jolis, ils sont monotones et on s'en lasse. La pluie qui tombe renforce cette impression.
Heureusement, la pluie s'arrête rapidement et nous pouvons profiter de la soirée au bord de l'eau à Wolgast.
14eme jour : Wolgast - Oderberg (env. 190 km)
Nous descendons vers Dresde, en passant entre Berlin et la frontière polonaise. Le paysage passe des grandes plaines à des forêts, puis de nouveau des plaines, puis des forêts avec des lacs. On prend un peu l'autoroute pour grignoter plus rapidement les kilomètres d'un parcours trop long.
Comme c'est très souvent le cas, nous rencontrons des travaux qui nous obligent à quitter notre itinéraire prévu, tout en conservant le cloître de Chorin comme étape. Nous suivons les indications de Google maps. Malheur !
Celui-ci nous entraîne vers des routes indiquées en blanc, ce qui ailleurs indique de petits routes secondaires, mais ici nous engage sur une route forestière pavée, bosselée, sans possibilité de faire demi-tour. Nous allons mettre une heure pour faire 4 kilomètres (indication de temps par Google maps .. 11 minutes) en ne rencontrant qu'un seul véhicule SUV. La voiture va frotter plusieurs fois, tant la route est défoncée. Je ne passerai le troisième rapport de vitesse qu'à la sortie. On ne prendra qu'une seule photo, au début, trouvant la route ... originale. Mais au cours d'un véritable cauchemar, on se concentrera à trouver les moins pires des passages pour la voiture, lâchant un paquet de jurons, mais sans prendre de photos.
Clairement, un modèle surbaissé aurait été incapable de passer et serait resté en équilibre sur une des bosses. Attention aux routes indiquées en blanc dans les länders de l'est.
La visite du cloître permet de récupérer, de faire baisser la tension.
Elle vaut le détour, mais pas par la route indiquée par Google Maps.
Heureusement, nous sommes proches de l'hôtel, et tout devrait bien se passer. Sauf que c'est vraiment pas notre journée. La route d'accès à l’hôtel est à son tour pavée et très défoncée, heureusement moins que la déviation, et elle ne fait que 700 m. En lisant, a posteriori les avis laissés sur booking au sujet de l’hôtel, je m'apercois que c'est un sujet de plainte récurrent. Il y a bien un second accès, bosselée, mais sableux qui fait moins mal, mais ce n'est pas lui qu'on voit en premier en arrivant depuis la route principale.
A l'arrivée, je me dis qu'une Trabant est sans doute mieux adaptée aux routes locales.
Riverside Inn |
15eme jour : Oderberg - Bad Saarow (env. 120 km)
Le lendemain, avant de prendre la route, j'examine la voiture, vérifiant qu'il n'y a pas de traces de liquide ou d'huile au sol. Fort heureusement, l'aventure d'hier n'a pas eu de conséquences.
On commence par franchir l'Oder pour une nouvelle incursion en Pologne, jusqu'au village de Osinow Dolny. On retrouve les mêmes commerces qu'à Usedom, sauf que le nombre de coiffeurs est ici sidérant.
Pour essayer de comprendre, nous cherchons sur internet l'explication jusqu'à ce que nous trouvions un article de LaDepeche.fr.
Celui-ci explique que le village n'a que 200 habitants, mais 150 coiffeurs ! C'est d'autant plus étrange qu'il n'y a pas de grande ville à proximité. Alors d'où vient la clientèle ? De Berlin, à 60 km. Le prix de la coupe et du brushing sont tout simplement suffisamment bas pour attirer chaque jour des Allemands par centaines.
Le village revendique la plus forte concentration de coiffeurs au monde.
Rouler le long de l'Oder est agréable, avec une route en bon état, au sommet de la digue. Il n'y a personne et encore moins de touristes.
Ensuite, c'est une succession agréable de plaines et de forêts. On se fait à nouveau arrêter par la police, qui veut "voir qui est dans la voiture".
La proximité de Berlin densifie un peu le trafic routier sur certains axes.
Le trajet d'aujourd'hui est court, et nous arrivons en début d'après-midi à Bad Saarow.
Cette ville est une station thermale où de charmantes villas anciennes avoisinent des constructions de luxe postérieures à la réunification. C'est très calme, et on passe l'après-midi au bord de l'eau avec un bouquin.
Hotel Villa Raueneck |
16eme jour : Bad Saarow - Cottbus (env. 130 km)
Pour rallier Cottbus nous faisons un large détour par Eisenhüttenstadt.
Cette ville sur la frontière avec la Pologne s'est appelée initialement Stalinstadt et fut construite dans les années 50 comme ville-modèle, représentative des "bienfaits" du socialisme (à la soviétique). Dédiée au logement des ouvriers d'une aciérie, la ville est constituée d'immeubles collectifs répartis en quartiers séparés par de larges boulevards. Elle proposait tout ce qui est utile au bien-être des masses populaires : théâtre, crèches, bibliothèques, écoles.
Depuis la chute du mur, l'aciérie est devenue propriété du groupe Arcelor Mittal, la ville perd de nombreux habitants et semble figée dans le temps.
Si la réhabilitation des immeubles, les espaces verts, le nombre restreint d'habitants rendent la ville agréable en comparaison de nos cités, il ne faut pas se tromper sur ce qu'elle pouvait être jusqu'en 1990, au sein d'un pays où le régime encourageait chacun à surveiller ses voisins.
Un plan de visite est disponible gratuitement au musée. Un parcours permet de découvrir la ville. C'est passionnant et étonnant de découvrir des vitrines de magasins datant des années 60. Elles sont vides, mais l'architecture est intacte.
Immanquablement, dans un coin, il y a un monument à la gloire des libérateurs soviétiques de 1945.
Le Museum Utopie und Alltage est à visiter absolument.
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On passe beaucoup de temps au musée et dans la ville, tant c'est intéressant.
La suite de la route vers Cottbus ne présente pas d’intérêt particulier. On traverse une zone de mines de charbon à ciel ouvert.
Elles sont pudiquement cachées derrière des rideaux d'arbres.
L'arrivée à Cottbus ne donne aucune envie de visiter la ville. On s'installe à l’hôtel bien décidé à y rester pour prendre du repos.
Hotel Dorotheenhof |
17eme jour : Cottbus - Dresde (env. 110 km)
Le temps de parcours entre Cottbus et Dresde est si court qu'on se dit qu'on aurait pu éviter la peu intéressante étape de Cottbus.
Nous sommes un peu ralenti par un accident sur une petite portion d'autoroute. Nous sommes surpris par le comportement des automobilistes
allemands.
Devant nous, sur les deux voies de l'autoroute, les voitures freinent et se serrent à gauche et à droite (sur la BAU), ouvrant une large voie au milieu. Ne sachant pas ce qui se passe et ne connaissant pas cette règle, nous avançons un peu entre les deux files à l'arrêt, jusqu'à pouvoir nous rabattre à droite, essuyant au passage quelques regards courroucés.
La voie dégagée au milieu est bien sûr destinée aux secours (qu'on ne verra pas), mais c'est l'exact contraire de notre règle qui est de permettre la circulation des secours sur la BAU. En Allemagne, cela s'appelle la règle de la Rettungsgasse. Son non respect est passible d'une amende de 20 euros. Mais tout cela on ne l'apprendra qu'après avoir vécu la situation.
Avant de nous rendre à notre hébergement qui se trouve excentré, nous allons directement au cœur historique de Dresde. Il n'y a pour l'instant pas de ZFE à Dresde, et donc, c'est à deux pas de la Frauenkirche que nous trouvons place dans un parking souterrain.
Dresde est une ville magnifique, qui attire beaucoup de monde dans le petit périmètre sur lequel sont réunis tous les monuments. On y retrouve les groupes de touristes suivant un guide avec un petit drapeau.
Il faut faire la queue pour visiter les monuments, mais c'est supportable. Certains musées nécessitent une réservation préalable, comme la Voûte verte.
Nous traversons l'Elbe, afin de prendre du recul et d'avoir une vue plus générale sur la rive opposée où se trouvent les monuments historiques.
Nous visitons le Palais Japonais, très déçus de savoir que son nom est seulement dû à la forme du toit qui a une ressemblance très très lointaine avec celle d'une pagode. La forme générale du bâtiment est celle d'un rectangle banal et massif construit à la fin du XVIII ème siècle.
A l'intérieur, il y a plusieurs expositions, certaines payantes, d'autres gratuites. On tombe sous le charme de celle qui s'appelle Imaginarium. Malheureusement, si vous visitez Dresde vous ne pourrez la voir car elle n'est que temporaire et prendra fin en septembre 2023.
La première partie est consacrée à une série de boîtes dans lesquelles sont présentées des saynètes que le spectateur peut éclairer et animer grâce à des manivelles ou des tirettes. Elles ont été fabriquées par Pavel Macek, artiste
tchèque vivant en France. Nous sommes tombés sous le charme, comme des gamins.
Dans une des salles suivantes se trouve une chambre noire qui permet de projeter sur un papier l'image de la personne qui s'assied devant la machine. Le but est de dessiner son portrait en s'aidant de l'image projetée.
Je n'aurais pas dû accepter. Depuis, mon "portrait" est accroché dans la pièce. Heureusement, cette exposition n'est que temporaire.
Les autres parties de l'exposition sont consacrées aux travaux de Matèj Forman (fils de Milos Forman) qui revisite les arts forains.
Finalement, on passe beaucoup plus de temps dans cette exposition que ce qu'on escomptait.
Avant de rallier notre hébergement, on oublie pas que
Dresde est une ville qui a beaucoup compté dans l'histoire de la photographie, et on fait un bref passage pour voir la tour Ernemann.
W.I.P. Welt im Park |
Comme lors du RT 2022, les laveries automatiques sont une étape obligatoire. Celle de Dresde vaut une petite photo. C'est un peu le Tinder des chaussettes.
18eme jour : Dresde - Meißen (env. 50 km)
Nous consacrons la journée à la visite des monuments de Dresde. Au programme, nous avons mis le Dresdner Zwinger, la Voûte Verte et l'Albertinum.
Le Zwinger est décevant car le jardin à la française de la cour intérieure est toujours en travaux.
Pöur la Voûte Verte, il a fallu réserver les entrées dès la veille, car les visiteurs sont très contingentés. Les objets précieux sont quasiment à portée de main, et les gardiens sont omniprésents. Les photos sont interdites. C'est une visite extraordinaire.
L'Albertinum présente plusieurs collections d'art, de diverses époques. On y trouve des peintres romantiques allemands, dont Caspar David Friedrich. J'étais très intéressé par quelques œuvres d'impressionnistes et en particulier par une des versions de la Petite Danseuse de Degas.
Hélas, on arrivant dans la salle l'abritant, nous n'avons trouvé que son tutu (ressemblant à un abat-jour), le reste de la statue étant en restauration. Je me suis consolé avec le triptyque d'Otto Dix.
La moindre rue du centre de Dresde est un enchantement et incite à la promenade.
Dresde à de rares exceptions a gommé toutes traces du passé communiste.
La reconstruction après les bombardements de la seconde guerre a été longue, ralentie par le manque d'argent dela RDA (mais qui n'en manquait pas pour construire et entretenir le rideau de fer). Certains monuments, comme la Frauenkirche n'ont été terminé qu'au cours des années 2010.
On part à Meißen pour finir l'après-midi au bord de l'Elbe. L'orage nous surprend dans un Biergarten.
19eme jour : Suisse saxonne (env. 160 km)
Les guides touristiques vantent les attraits de la Suisse Saxonne et de la vallée de l'Elbe en amont de Dresde, notamment le Pont de Bastei.
Le site est très prisé par les Allemands et cela se bouscule sur les ponts en pierre qui constituent l'attraction. Pour y accéder, il faut laisser la voiture à quelques kilomètres (parking payant), puis prendre un bus (payant) dans une ambiance de jour de grève à Paris. Il vous laisse à quelques centaines de mètres des canyons et de la vallée de l'Elbe. C'est beau, mais saturé. Il faut patienter pour réussir à prendre une photo sans foule. Ce n'est pas accessible aux personnes ayant des difficultés de marche.
Un peu déçu, nous reprenons la voiture pour une petite incursion en Tchéquie, avant de revenir à Dresde, sous un ciel gris.
20eme jour : Dresde - Schwartzenberg (env. 180 km)
Ce qui était prévu comme une des plus belles étapes, avec la découverte des Monts Métallifères, s'avère être pénible. Des averses diluviennes nous ralentissent. Les occasions de décapoter sont rares et l'intérieur de la voiture ressemble souvent à un hammam. Dommage car le paysage est très beau, avec de la basse montagne couverte de forêts de sapin.
On fait une halte à Glashütte, ville réputée par ses fabriques de montres de luxe. Les vitrines font rêver.
Nous sommes dans la région d'Allemagne d'où proviennent les pyramides de noël en bois, et tous les petits personnages qu'on accroche traditionnellement dans les sapins de noël allemands.
Cet artisanat est fièrement mis en avant. On ne peut résister à la visite d'un atelier. La tentation d'un achat est grande, mais la taille du coffre de la voiture nous ramène à la raison (le prix aussi !) et on doit se contenter d'un tout petit souvenir.
Hotel Ratskeller Schwarzenberg |
21eme jour : Schwartzenberg - Weimar (env. 200 km)
La fermeture prolongée du musée Zeiss de Iéna (s'écrit Jena en allemand mais se dit bien Iéna) nous amène à modifier le tracé du parcours, en évitant cette ville. Nous allons donc directement à Weimar.
On tombe sous le charme de cette petite ville au riche passé.
Les rues et les places incitent à la promenade sans but. Weimar, c'est bien sûr la ville qui a donné son nom à la première république allemande, c'est aussi la ville du Bauhaus (visite du musée). Des personnages célèbres y sont nés ou y ont vécus : Goethe, Schiller, Paul Klee, Kandinsky, Lizt etc..
Hotel Kaiserin Augusta |
22eme jour : Buchenwald (env. 20 km)
La visite d'un site comme celui de Buckenwald est difficile à raconter ou à illustrer. Chacun la vit différemment, plus ou moins intensément en fonction de ses connaissances, de son histoire, mais elle ne laisse personne indifférent.
Nous avons un peu de mal à trouver où se trouve l'exposition principale, les indications au bureau d'accueil sont confuses. Nous finissons par comprendre qu'elle se trouve au fond du camp. La durée moyenne de visite
est de 1 à 2 heures, nous allons y passer 4 heures, tant elle est éducative.
Elle aborde la montée du nazisme, l'endoctrinement de la jeunesse (photo) l'installation des camps de concentration, dont Buckenwald, des camps d'extermination, la vie à l'intérieur de Buckenwald, sa libération. Il est possible de télécharger gratuitement un audioguide en français. Pensez à bien charger vos téléphones avant la visite, et si possible à vous munir d'un casque.
Du camp lui-même, il subsiste le bâtiment d'entrée, celui des fours crématoires. Les dortoirs ont été rasés, mais leur base est encore présente. Il est difficile de mettre des petits cœurs près du nom de Buchenwald, pourtant la visite constitue un de nos coups de cœur de ce périple.
Après cette visite éprouvante, une petite pause à la buvette est la bienvenue, ce qui donne l'occasion de goûter le Vita Cola, réminiscence de la RDA (nous sommes toujours à l'Est). Le Coca-Cola n'existait pas en RDA, et une fabrication locale, le Vita Cola le remplaçait.
Buchenwald ne se limite pas au seul camp. Si les usines qui jouxtaient le camp et qui profitaient d'esclaves ont disparu, on peut encore voir des traces du chemin de fer qui amenait les déportés de la gare de Weimar à la colline où se trouve le camp. En descendant cette colline, il y a un mémorial là où furent creuser des fosses communes.
Nous y avons croisé comme seuls visiteurs un groupe d'adolescents et de jeunes adultes, qui se sont mis à chanter devant une statue en s'accompagnant à la guitare. Devant notre étonnement, ils nous ont expliqué qu'ils faisaient partie d'un camp de vacances organisé par et pour les jeunes "marxistes-léninistes" et qu'ils venaient se recueillir devant cette statue symbolisant la libération du camp par les déportés communistes. Notre étonnement a redoublé.
L'histoire officielle retient que le camp a été libéré par les Américains, et qu'à leur approche la plupart des gardes SS prirent la fuite et que des prisonniers se révoltèrent contre les gardes restants.
Sans commentaires...
23eme jour : Weimar - Hann. Munden (env. 184 km)
Ce jour est le dernier de notre périple dans l'ex-RDA. Quoi de mieux que de passer par l'ancien point de contrôle du rideau de fer qui se trouve
entre Teistungen (ex-RDA) et Duderstadt (RFA) pour symboliser notre "sortie".
Grenzlanduseum Eichsfled |
Nous passons près de Gottingen en chantant Barbara.
O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Hann. Munden, dont le nom complet est Hannoversch Münden est une jolie petite ville, au confluent de deux rivières. Toutes les maisons sont à colombage. Peu recommandée par les guides, elle vaut pourtant une visite.
Hôtel Aegidienhof |
24eme jour : Hann. Munden - Remagen (env. 300 km)
C'est une journée de roulage, avec beaucoup d'autoroutes, qui se termine par une route secondaire bien plus sympathique qui descend dans la vallée du Rhin. Nous devons traverser à Linz. Le bac nous dépose devant notre hôtel, mais nous allons d'abord visiter le musée du pont de Remagen, site d'une célèbre bataille de 1945, racontée par un film de 1968.
25eme jour : Remagen - Amiens (env. 460 km)
Conclusion, après 4 600 km
Si on devait comparer le road trip de cette année avec la partie allemande de celui de l'année dernière, on pourrait dire que le 2022 est une très bonne entrée en matière, un genre de "Germany for beginners" et que le 2023 est pour amateur plus confirmés. La partie visitée à l'est, à l'exception de quelques endroits comme Dresde est nettement moins touristique, ce qui permet de découvrir une Allemagne authentique, sans fards.
Avant le départ, j'avais lu qu'on pouvait rencontrer quelques allemands moins sympathiques dans les Länders de l'est, ce ne fut absolument pas le cas. Nous avons été partout les bienvenus. Le voyage a été agréable et enrichissant.
Il va être temps de sortir les guides pour préparer une édition 2024. Pour aller où, on ne le sait pas, mais toujours avec notre petite voiture.