Cet appareil au concept innovant fut présenté lors de la PMA de 1988 sous le nom de Genesis. Son design original est dû à Yasuhiko Nakayama. Chinon en profita pour inventer le terme de "Bridge", c'est à dire l'intermédiaire entre compact zoom et reflex. Il s'agit d'un zoom 35 -80 mm autour duquel a été fabriqué un appareil complet, mais facile d'emploi, sur lequel la plupart des fonctions essentielles sont disposées de façon à pouvoir le tenir avec la seule main droite. La visée est de type reflex.

Le moteur d'entraînement permet des rafales de trois images.

Grâce à une baïonnette spéciale, il est possible de monter un complément optique.

Si extérieurement cet appareil peut faire penser à l'Olympus AZ-300, il ne faut pas oublier que celui-ci n'a pas la visée reflex.

Voici la traduction d'un article du Times, du 30 mai 1988, par Philippe Elmer-Dewitt, qui commente la sortie de ce nouveau type d'appareil-photo :
 

Les photographes se répartissaient autrefois en deux catégories clairement ciblées : les professionnels qui trimballaient des sacs remplis d'objectifs, de compteurs et de flashs coûteux et les amateurs qui se contentaient d'Instamatics et de flashcubes. Cette distinction s'est progressivement estompée à mesure que les fonctionnalités avancées ont dérivé vers les appareils photo à bas prix et que les fonctions automatiques ont progressé pour rendre les modèles à prix élevé de plus en plus faciles à utiliser. Mais ces dernières années, le rythme de l’évolution de la technologie des caméras s’est accéléré au point que les anciennes catégories ne s’appliquent plus. Aujourd'hui, même les photographes les plus occasionnels peuvent avoir à portée de main tous les outils photographiques utilisés par les professionnels, ainsi que quelques gadgets qui ne sont pas encore apparus sur les appareils professionnels.

Aucun appareil photo n'incarne plus complètement cette tendance que trois nouveaux modèles 35 mm d'Olympus, Chinon et Yashica qui font leurs débuts dans les magasins d'appareils photo américains ce mois-ci. Non seulement ils regorgent de puces informatiques et de fonctionnalités de haute technologie, mais chacun arbore également un nouveau look de haute technologie, qui doit davantage aux courbes douces du caméscope vidéo qu'au design rectangulaire de base qui a dominé le 35 mm. appareils photo depuis le modèle Leica « A » de 1924. Yasuhiko Nakayama, le concepteur chevronné de caméras vidéo qui a créé la Chinon Genesis, déclare : « Nous voulions un concept de design unique qui corresponde au nouveau type de caméra. »

Les nouvelles caméras regorgent d’ingénierie avancée. Comme de nombreux modèles « pointer-cliquer » populaires, chacun possède des fonctions qui nécessitaient autrefois une opération manuelle mais qui sont désormais automatiques : contrôle de l'exposition, mise au point, flash, chargement, enroulement et réglage de la vitesse du film. À ceux-ci ont été ajoutés de nouvelles fonctionnalités, notamment des faisceaux infrarouges pour la mise au point dans l'obscurité, une compensation automatique de l'exposition pour les sujets éclairés par l'arrière et un objectif zoom intégré pour les prises de vue grand angle et au téléobjectif avec un flash suffisamment intelligent pour rétrécir ou élargir ses faisceaux en conséquence. L'objectif zoom du Chinon Genesis est actionné manuellement ; dans le Yashica Samurai et l'Olympus Infinity SuperZoom 300, il est alimenté par des commandes à bouton-poussoir.

Parmi les trois modèles, l'Olympus SuperZoom réalise peut-être les avancées technologiques les plus impressionnantes. Pour réduire son poids et son coût, l'appareil photo utilise une fenêtre de visualisation séparée plutôt que la conception reflex dite à objectif unique adoptée par Yashica et Chinon. Pour garantir que ce que voit le photographe corresponde à ce qui est capturé sur le film, les ingénieurs d'Olympus ont dû relier la fenêtre de visualisation à l'objectif principal de telle sorte que le viseur zoome comme l'objectif. Yashica et Chinon ont évité cette complication en utilisant la disposition standard prisme et miroir SLR qui permet de visualiser et de photographier à travers le même objectif ; pour rester mince, Yashica utilise un format vertical qui fait des négatifs la moitié de la taille d'une image standard de 35 mm.

Une caractéristique encore plus frappante de l’Olympus est son « mode portrait avec zoom automatique ». L'utilisateur sélectionne simplement le paramètre approprié sur le panneau de commande de la caméra, pointe et clique. L'objectif effectue un zoom avant ou arrière pour garantir que la tête et les épaules du sujet sont bien cadrées dans le viseur. "Si vous souhaitez prendre des portraits de personnes lors d'une fête", explique David Willard, vice-président senior chez Olympus, "l'appareil photo effectuera automatiquement un zoom pour vous donner des photos de même taille de tout le monde."

Comment la caméra fait-elle ? Il utilise d’abord son système de mise au point automatique pour mesurer la distance au sujet. Étant donné que la caméra est programmée pour connaître la largeur d'angle nécessaire pour s'adapter à la tête et aux épaules d'une personne moyenne à une distance donnée, elle peut ajuster l'objectif zoom en conséquence.

Les nouveaux modèles tentent d'arracher des ventes à Minolta, dont le modèle Maxxum le plus vendu a été le premier à intégrer la technologie de mise au point automatique aux appareils photo reflex mono-objectif. Alors que la concurrence approche à grands pas, Minolta ne reste pas inactif. La semaine dernière, elle a présenté deux nouveaux modèles de la série Maxxum, ainsi qu'une gamme d'objectifs et d'accessoires de haute technologie. Celles-ci incluent plusieurs cartes enfichables qui reprogramment les systèmes informatisés de mise au point, d'exposition et d'avance du film du Maxxum pour des tâches spéciales telles que la photographie sportive à grande vitesse, les portraits formels et les gros plans très précis.

Aucune de ces technologies n’est bon marché. Les prix de vente conseillés de ces appareils photo « amateurs » — plus de 500 $ pour les modèles Olympus, Chinon et Yashica, et près de 840 $ pour le Minolta Maxxum 7000i — dépassent ceux de nombreux appareils photo destinés aux professionnels. De plus, leurs commandes conviviales ajoutent plusieurs couches de technologie que certains professionnels peuvent trouver irritantes. En mode zoom automatique sur l'Olympus, par exemple, tout peut sembler correct dans le viseur, mais l'appareil photo refusera de prendre la photo si le sujet est trop éloigné pour être correctement éclairé ou zoomé correctement en format portrait. Barry Tanenbaum, rédacteur en chef du magazine Modern Photography, déclare : « Il existe une chose telle qu'un appareil photo est trop intelligent. »

Et malgré toute leur sophistication technique, aucun de ces appareils photo ne peut offrir le genre d’instinct artistique et de conseils nécessaires pour garantir des images réellement belles.