Le Sugiyama (the collector's guide to japanese cameras, ISBN4-257-03187-5) distingue deux types d'Idea (Showa 8), différents par leur système de mise au point : Idea Hand Camera (Showa 8) pour le modèle avec levier en arc de cercle à main droite, et Idea (Showa 8) pour celui offrant un demi-tirage avec mise au point par molette comme ici.
Mais au fait : pourquoi Showa 8 ? Comme il a déjà existé une chambre appelée Idea Hand Camera sortie en 1930 on désigne le nouveau modèle de 1933 par son année de sortie, mais à la mode japonaise : la huitième année de l'ère Showa, soit le règne de Hiro Hito, 124° empereur du Japon ! Selon la correspondance officielle il s'agit donc de 1933, 1926 étant en même temps la quinzième année du règne de Taisho et la première de celui de Showa.

Il s'agit donc d'une évolution de l'Idea Hand Camera de 1930, légèrement plus compacte à format égal. Le tirage, sans être un réel double tirage, est plus long que sur son prédécesseur, lequel est limité par son levier de mise au point en arc de cercle. Ici, on peut obtenir presque 4 cm d'allongement en théorie, l'état du soufflet plus de 80 ans plus tard ne l'autorisant plus en pratique...
L'amélioration majeure vient sans contestation du décentrement vertical, absent sur le modèle de 1930. Le nom du modèle (Idea) est gravé, réhaussé de blanc, à l'intérieur de l'abattant au centre. Celui-ci est articulé avec un ressort dans la charnière, et sort donc presque seul dès qu'on pousse le traditionnel bouton sous la poignée. Les deux prises de doigts en triangle sont très agréables pour amener la façade jusqu'au cran correspondant à l'infini; une mise au point rapprochée se fait ensuite avec la molette à main droite, mais il faut penser à libérer l'index en appuyant sur la plaquette des distances. Un reproche pourra être fait concernant l'absence de blocage de la console sur le rail, aucun ressort ni verrou n'étant prévu...

Le couple objectif / obturateur monté ici est purement japonais, mais pas totalement maison : l'objectif est bien dessiné par Rokuoh-sha (la branche "fabrication" de Konica), mais sans doute fabriqué par Asahi Kogaku. L'obturateur Durax, successeur du Zeus, était conçu et fabriqué par la firme elle-même. D'autres combinaisons ont été proposées, toutes japono-japonaises.

Sur le côté de la chambre est rivetée une plaque donnant les limites de profondeur de champ en fonction des ouvertures et du réglage de la mise au point.

Cet exemplaire, dans un état remarquable, a été trouvé seul, sans étui ni accessoire autre que le dépoli. Malheureusement, il lui manque, pour une raison inconnue, la totalité du viseur à cadre. Un ancien propriétaire, qui ne l'utilisait peut-être pas, l'aurait-il démonté ?
Autre regret : le soufflet, pourtant visuellement très beau, est claqué au niveau du premier pli, juste derrière la console.
L'appareil a heureusement conservé ses deux écrous de pied, au petit pas !
 

Historique

1873 Fondation de la société Konishi-ya. Première mise en oeuvre des matériaux photographiques et lithographiques.
1876 Déménagement dans Tokyo. La Société prend le nom de Konishi Honten.
1882 Trois usines sont établies à Tokyo et produisent des appareils photographiques, du papier enduit, et des équipements pour lithographie.
1897 Importation au Japon des premières caméras cinématographiques permettant d’entreprendre une production japonaise de films.
1902 Etablissement d’une nouvelle usine à Tokyo, destinée à produire des plaques et des papiers photographiques. Cette usine est considérée comme le berceau de l’industrie photographique japonaise.
1903 Le premier papier photosensible produit au Japon, le Papier SAKURA type Hakkin, ainsi que l’appareil Cherry, sont introduits sur le marché.
1909 Ouverture de l’Agence d’Osaka. Mise en vente de l’appareil LiIy.
1919 Les usines sont regroupées dans Tokyo, et forment la première organisation photographique de type moderne du Japon.
1921 Cette organisation devient la Société Konishiroku Honten (Honten = quartier général).
1925 Début de la vente des appareils Pearlette.
1929 Début de la vente des films SAKURA (Sakura = fleur de cerisier du Japon).
1933 Agrandissement du quartier général.
1936 La Société devient la Konishiroku C° Ltd. Ouverture d’une agence à Hino, et déménagement de la Division Production des Matériaux Sensibles.
1938 Introduction de l’appareil Semipearl.
1940 La production du premier film couleur japonais, le SAKURA natural Color Film, est annoncée.
1943 La Société prend son nom actuel de Konishiroku Photo lndustry C° Ltd et les usines sont rebaptisées.
1944 Fusion avec la Showa Photo Industries C° Ltd, ce qui ajoute les usines d’Odawara et de Koyama à la société.
1945 Fin de la guerre, entraînant une situation économique chaotique. Une grande réorganisation est assurée pour permettre à la Société de survivre à cette période agitée.
1948 Vente des premiers appareils de marque KONICA, et reprise des exportations.
1963 Inauguration de la grande usine de production d’appareils photographiques de 1967 Début de la vente de la grande nouveauté mondiale le SAKURACOLOR N-100, ainsi que du premier réflex automatique du monde, le KONICA AUTO-REFLEX.
1968 A ce premier appareil reflex automatique (EE) est incorporée la mesure à travers l’objectif (TTL) : il devient le KONICA AUTOREFLEX T. Production, la même année, du premier appareil compact 24 x 36 japonais à télémètre couplé, le KONICA C35.
1969 Développement par la Konishiroku du premier appareil holographique compact du monde.
1970 Début de la vente des machines pour photocopie à sec électrostatiques U-Bix. Mise en vente des SAKURA High Resolution Plate, matériel sensible, à grain ultra-fin et très haute résolution, indispensable pour la fabrication des Circuits Intégrés.
1971 Vente du nouveau SAKURACOLOR. Début de l’exportation de l’U-Bix MARK I.
1973 Célébration du 100e anniversaire de la firme. Adoption du nouveau logotype. Départ pour un nouveau siècle, avec un enthousiasme renouvelé.