Ernemann Heag XVI

Propriété de Frédéric Caron. Photo(s) de Frédéric Caron et texte de FC. Dernière modification le 2022-09-29 par Sylvain Halgand.

Fabriqué ou assemblé en Allemagne de 1909 à 1918.
Rareté en France : Rare (dans les vide-greniers non spécialisés)
N° inventaire : 10166

Fiche technique complète

Chronologie des appareils Ernemann

L'Ernemann Heag XVI produit de 1909 à 1918 est la contribution d'Ernemann à la très intéressante mais restreinte famille des appareils dits combinés du début du vingtième siècle, tout à la fois vraies chambres pour plaques et véritables foldings en un seul appareil.

Les premiers combinés apparaissent aux USA à partir de 1902 chez Manhattan Optical Co et Blair puis chez quelques autres dont Kodak. En Europe, quelques fabricants suivront : Wuensche pour Le Rêve de Girard et le Nixe-Universal (1904), Nettel (Duplak 1911) et Ernemann avec le Heag XVI. La formule ingénieuse des appareils combinés n’aura cependant pas un succès très long, une dizaine d’années en Amérique, dix de plus en Europe. Le décalage s’explique sans doute par un usage plus prolongé des plaques de verre de ce côté de l’Atlantique. Le déclin de la formule combinée est, outre sa relative complexité d’emploi, lié aux progrès de la qualité des pellicules et du tirage sur papier. La finesse et le détail des photos sur pellicule rejoignaient progressivement les résultats que procuraient les plaques.

Le Heag XVI, qui profite de l'excellence des productions Ernemann, est ainsi composé de deux parties : la chambre proprement dite utilisable avec des plaques 9 x 12 et le dos amovible contenant une pellicule N° 101 donnant des clichés de 8,5 x 11,5 cm.

Un volet métallique noir de 10 x12 cm qui s’insère dans le dos pour pellicule permet de maintenir la surface sensible dans l’obscurité quand on sépare le dos et la chambre. Ainsi, il devient possible de prendre des photos sur plaque entre deux photos sur pellicule. Un petit écran noir avec un anneau articulé est fourni pour assurer l’obscurité sur la pellicule quand le volet noir est enlevé pour prendre des photos sur film. De même largeur que le volet, il s’insère dans la même fente mais ne pénètre que d’une profondeur d’un centimètre et demi.
Une particularité de cet appareil est que la pellicule et les plaques se situent à la même distance de l’objectif, ce qui n’est en général pas le cas des autres appareils combinés qui nécessitent l’emploi deux échelles différentes de mise au point, une pour les plaques, l'autre pour les pellicules.

Le Heag XVI est à double extension, l’obturateur est un Ernemann au 1/100 à frein pneumatique et déclencheur souple et l’objectif est un Ernemann Aplanat Symetrical. Il dispose des deux décentrements. Un viseur clair avec niveau à bulle, deux regards inactiniques sur le dos et deux écrous de pied au pas du Congrès complètent l’équipement.

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Le dos pour film en rouleau accompagnant cette chambre est impressionnant. Il est amovible, permet de mettre en place des châssis pour l’utilisation de plaques de verre, support classique (quoiqu’en fin de vie) des surfaces sensibles à cette époque.
Il permet également avec un pied d’utiliser un dos dépoli afin effectuer la mise au point, particulièrement lors d'une distance appareil / sujet inférieure à deux mètres. Ce réglage de distance est possible en utilisant le double tirage du soufflet.

La pellicule de 8 cm de large, une fois l’amorce accrochée sur la bobine réceptrice en bois, permettait la réalisation de négatifs de 8 x 11,5 cm. Deux écrans rouges sur le dos du roll-film guidaient l’opérateur lors du changement de vue après exposition du film.
Un volet métallique amovible permet de changer éventuellement de dos en cours de séance de prise de vue ou d’utiliser des plaques photos sur verre. Il n’y a malgré tout aucune sécurité, dans un sens ou dans l’autre, en cas d’erreur de manipulation de ce volet métallique.

L’obturateur de cet appareil est pneumatique. Il s’arme en effectuant une rotation (appareil de face dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) du sélectionneur de vitesse d’obturation. Il est actionné soit manuellement directement sur l’appareil ou par l’intermédiaire d’un déclencheur souple qui est ici malheureusement partiellement dénudé, phénomène classique de l’outrage du temps que l’on retrouve sur beaucoup de matériel de cette époque.
Les vitesses d’obturation vont de la pose B au 1/100 de seconde. La pose T est utilisée l’appareil sur pied conjointement avec un verre dépoli pour faire la mise au point.

L’objectif ici est un « Aplanat Symétrical » sans indication de la focale. Le diaphragme de l’objectif permet des ouvertures comprises entres f : 3 et f : 22. La platine porte objectif permet les décentrements verticaux, un repère est associé à la position neutre. Un léger décentrement latéral est aussi possible.

Le cadrage pouvait être réalisé soit directement sur un verre dépoli (associé à la pose T), soit d’une façon plus dynamique en utilisant le viseur associé à un niveau à bulle qui se trouve près du sélecteur de vitesse de l’obturateur (à noter la rotation possible de ce viseur pour les cadrages horizontaux). La majeure partie des éléments constituant cet objet est numérotée ce qui en facilite le repérage (type et date) dans la production de ce fabricant.