Cet appareil est le tout premier modèle de la série (1931-1933). Les suivants, le Derby I et le Derby II, lui ressembleront beaucoup.
Il produit des négatifs 24 x 36 mm sur un film 127. Il est sans retardateur et avec un viseur (dépliant, Newton, avec hausse et verre réticulé) beaucoup plus simple que certains qui ont suivi. L'objectif pouvait être choisi au moment de l'achat (il est vissant et se détache aisément). Cet exemplaire est doté d'un objectif Foth Anastigmat 50 mm 3.5 plutôt basique.

L'obturateur à rideaux est identique à celui des versions suivantes I et II. Identique également à celui du Gallus Derlux français. C'est effectivement cette platine de base (obturateur à rideaux et ciseaux déployants) qui a été transférée en France en 1938 et reprise par Gallus (Levallois). Ceux-ci ont d'abord produit une déclinaison du même appareil (au format 3 x 4 cm), appelés Derby Gallus. Puis ils ont produit le Derby Lux dès 1939 et enfin le Derlux en 1946 avec leur boîtier en aluminium si caractéristique.

Comme sur les Gallus précités, la platine avant est dotée de deux trous aux fonctions bien définies. Celui de gauche en regardant l'appareil de face aurait dû servir à éviter un déclenchement intempestif de l'appareil armé, au cas où l'on replie les ciseaux. Le bouton déclencheur - que l'on voit sur le boîtier - n'affleure pas et est donc relativement protégé. Mais l'exécution n'est pas bien pensée et en pressant un peu avec le doigt, il est possible de déclencher appareil fermé !
Le trou de droite sert à atteindre avec un raccord souple le second déclencheur servant à cet usage. Il fallait cette construction, l'écart entre le boîtier et la platine avant étant trop petit (2,3 cm), pour pouvoir fixer le déclencheur souple autrement qu'à travers la platine.

Le format 24 x 36 mm sur film 127 n'a pas rencontré le succès espéré. Cette série se vendit mal et fut rapidement remplacée. L'appareil est rare, alors que les Derby 3 x 4 (I et II) sont nettement plus fréquents. Le 24 x 36 sur du film 127 est d'ailleurs une étrangeté puisqu'il n'y avait aucun gain en nombre de clichés : l'avancement du film se faisant en relation avec les chiffres portés sur le papier protecteur et 'serrer les clichés' relevait de la gageure. Par rapport au 3 x 4 il y a perte de surface exposée pour aucun bénéfice apparent.

Historiquement, le Foth Derby allemand a donc traversé la deuxième guerre mondiale en mains françaises et ne s'est éteint de sa belle mort que vers le milieu des années 1950. Comme beaucoup des 3 x 4, il était d'une compacité qui en faisait un appareil bloc-notes, dirait-on aujourd'hui, que le photographe pouvait avoir toujours sur soi. Ses différentes variantes ont connu un grand succès.